Il est indéniable que la profession des soignants est particulière génératrice de stress.
La crise covid a été un accélérateur et un amplificateur de la souffrance des soignants. En effet, entre le 15 juin 2021 et le 28 juin 2021, 951 professionnels de l’aide et des soins ont complété une enquête en ligne sondant leur bien-être mental. La pression sur les personnes actives dans le secteur des soins et du bien-être est déjà élevée mais elle augmente encore lors de cette crise COVID. Cette analyse a fait apparaître qu’après 16 mois de crise COVID et même après que 90% ont été vaccinés, de nombreux professionnels de l’aide et des soins continuent de ressentir fortement les effets de ce stress chronique.
Près de 73,90% des professionnels de santé affirment que la crise sanitaire a dégradé leurs conditions de travail, dans un contexte de souffrance déjà croissant.
Pour 59,80% des personnes interrogées, l’intensité de leur souffrance se situe entre 7 et 10, sur une échelle de 0 à 10, et plus de 74% d’entre-elles ont déjà ressenti l’envie de « jeter l’éponge ».
Ce sont les difficultés rencontrées dans le cadre de leur travail qui sont les causes directes de leurs souffrances. Avec la crise sanitaire, l’ensemble des facteurs qui sont des sources de stress sont donc bien amplifiés. Par ailleurs, les tensions existantes avant la crise se transforment souvent en conflits au sein des établissements.
Mais quelles sont les principaux facteurs de tension ? A quoi les professionnels de santé et de l’accompagnement sont-ils soumis comme stress ?
. La surcharge de travail : les interruptions et les urgences sont fréquentes, les suppressions de postes, arrêts maladies, et renouvellement du personnel font partie du quotidien. Plus de 71% des soignants* citent le manque de personnel comme source de souffrance et 59,5% évoquent l’augmentation des cadences
. La confrontation à la souffrance morale et physique des patients, résidents : travailler au contact de la douleur, du désespoir, de l’angoisse, parfois de la mort, requiert une force mentale très forte qui peut parfois être ébranlée selon le contexte et les capacités de chacun. On parle souvent de « traumatisme vicariant » quand on entend et qu’on vit de manière répétée des évènements perturbants et traumatiques. Je vous en parle dans un autre article.
. Les horaires de travail : certains professionnels arriveront à être productifs plus longtemps que d’autres, mais quand on va au-delà des capacités physiques, tout travail deviendra épuisant. Particulièrement pour le travail de nuit, certains organismes n’en sont tout simplement pas capables.
. Les relations de travail : informations ou directives contradictoires, relations conflictuelles avec les collègues ou la hiérarchie, manque de coordination entre professionnels.
. Les incivilités des patients, résidents et de leurs familles : irrespect, agressivité physique et demandes excessives.
. Les changements et l’incertitude : les réorganisations de services, les changements de direction, de process, les nouveaux logiciels…
Dans le cadre de ma pratique, je remarque moi-même depuis la crise Covid, une augmentation de la demande des professionnels de santé notamment les médecins traitants, qui aborde la question des incivilités des patients et des familles et qui ont de plus en plus de mal à se faire respecter ainsi que le traumatisme vicariant qui s’exprime de plus en plus chez eux.
Qu’est-ce que ce que le stress ?
Le stress est l’ensemble des réactions déclenchées par l’organisme pour s’adapter et faire face à une situation perçue comme difficile ou menaçante. Véritable mécanisme de défense, le stress est donc une réaction humaine et instinctive d’adaptation naturelle face à un évènement, qu’il soit d’ordre personnel ou professionnel.
Selye (1956) distingue 3 phases séquentielles d’adaptation de l’organisme en réponse aux stimuli ou stresseurs. (Schéma à faire des 3phases séquentielles d’adaptation du stress).
Selye nomme « agents stresseurs » tous stimuli persistants et anormaux qui contraignent l’organisme à rétablir un équilibre homéostatique.
La réaction d’alarme.
Le cerveau prépare tout notre corps à l’action dans une saine adaptation à un danger immédiat. Le système orthosympathique déverse l’adrenaline (produite par la glande medullo-surrénale et le cerveau) et la noradrénaline (libérée par le tronc cérébral) dans le sang et les terminaisons nerveuses. Le cerveau doit décider rapidement de l’attaque ou de la fuite. C’est à partir de là que les muscles se tendent, la tension artérielle monte… La réaction se compose du choc (tachycardie, baisse du tonus musculaire) et du contrechoc (l’organisme se ressaisit puis met en jeu des moyens de défenses actifs). Ce retour à l’équilibre se fait grâce au système nerveux parasympathique.
La phase de résistance/phase d’adaptation
Selon Aubert et Pages (1989) il s’agit de l’ensemble des réactions non spécifiques provoquées par l’exposition prolongée de l’organisme à des stimuli nocifs auxquels l’organisme s’est adapté au cours de la réaction d’alarme. Lors de cette phase, il y a persistance des phénomènes produits durant le contre choc de la phase d’alarme. L’organisme se prépare donc à résister. Les surrénales inondent le corps de cortisol en jet continu. Cette libération entraine à la longue des troubles : du sommeil, digestif, hormonaux…
L’épuisement/La décompensation
La personne cesse toute tentative de résistance. Il y a un affaissement des dépenses du sujet qui peut aller jusqu’à la mort clinique. L’organisme tente le tout pour le tout dans cette phase, il relance des phases d’alarme en déversant de l’adrénaline. De nombreux symptômes se développent à ce moment-là : accès de palpitations, épisodes d’angoisses, poussées d’hypertensions qui témoignent des efforts de l’organisme qui s’épuise petit à petit. Les dérèglements atteignent le psychisme qui aboutit à un état de dépression et d’anxiété chronique avec possibilité de burn out.
Durant ces 3 phases, la résistance de la personne durant ces trois phases s’effectue par deux systèmes homéostatiques de défenses : le système nerveux et le système endocrinien.
Quelle différence entre stress et anxiété ?
Très souvent, on a tendance à confondre un stress et une anxiété. Le stress est naturel, c’est un phénomène d’adaptation. Il est utile car le stress nous permet de faire face à une situation de danger ou quand il y a un changement. Il est une réaction physiologique.
L’anxiété est une émotion qui se rapproche d’une peur diffuse que l’on éprouve face à une situation particulière. Cette émotion sert alors à prendre toutes les précautions nécessaires à éviter les risques. L’anxiété peut passer comme elle est venue. Mais quand elle est excessive, elle peut devenir nuisible. L’inquiétude est constante avec insomnies, palpitations, irritables.
La crise d’angoisse correspond à une manifestation des troubles anxieux. L’angoisse nait d’une peur intense d’un événement qui pourrait survenir (la mort par exemple). Elle s’accompagne de symptômes physiques et psychiques (palpitation, tremblement, tétanie, TOC, phobie sociale…). Dans le cas de l’angoisse, on entre dans le phénomène de l’émotion. Quand le mental intervient, on passe du côté de l’émotion et donc de l’angoisse et de l’anxiété.
Comment se manifeste le stress ?
Lorsqu’une personne ressent trop de stress, en fréquence ou en intensité, elle peut avoir de nombreux symptômes :
Stress PHYSIQUES
Un sentiment de fatigue, des troubles du sommeil ou du comportement alimentaire, des tensions musculaires, des maux de dos ou de ventre, des addictions…
PSYCHIQUES
Sentiment de tension, irritabilité, lassitude, pleurs, symptômes dépressifs, diminution de la confiance en soi, isolement social, perte de sens de son métier…
COGNITIFS
Augmentation des erreurs et diminution de la « performance », problèmes de concentration, de mémoire, indécision…
Quelles sont les solutions pour faire face au stress ?
Si les sources du stress sont propres à chacun, certaines techniques permettent de mieux le gérer avant d’atteindre le point de non-retour, ainsi que des solutions simples. Il est certain que vous ne pouvez pas agir sur le contexte, sur l’environnement mais vous pouvez agir sur vous-même pour vous aider à apprendre à réduire votre stress et à mieux gérer vos ressentis.
« Si ce n’est pas vous qui gérez votre stress, c’est lui qui vous gère ! Reprenez le pouvoir sur vos moments de stress ». Patrick Collignon
Voici quelques solutions pour vous accompagner dans votre recherche de bien-être
1 – Adopter une alimentation équilibrée
Manger équilibré permet de diminuer les effets du stress. En effet, les vitamines et minéraux, lorsqu’ils sont fournis en bonne quantité, limitent les effets du stress sur l’organisme. Il peut être intéressant de prendre un complément alimentaire, afin de booster votre organisme dans les périodes tel que l’automne comme le magnésium qui permet de réduire les effets du stress.
2 – Prendre soin de son sommeil
Le manque de sommeil augmente l’anxiété, les troubles de l’attention et la dépression. C’est un cercle vicieux : plus vous êtes stressés, moins vous dormez, moins vous dormez, plus vous êtes stressés. Prendre soin de son sommeil permet d’être plus détendu. Faites des mini siestes de 10 min si possible ou des exercices pour vous détendre
3 – Faire des pauses régulièrement
Vous accordez de courtes pauses régulièrement tout au long de la journée peut améliorer votre capacité de gestion du stress. Toutes les deux heures, prenez cinq petites minutes pour prendre l’air, faire des exercices de respiration, de yoga ou de méditation. Entre deux consultations, accordez-vous 5 à 10 min et plus si cela est possible.
4 – Pratiquer une activité physique régulière
Il est plus qu’important d’adopter une bonne hygiène de vie, et le sport en fait partie. Lorsque vous pratiquez une activité physique, vous sécrétez des endorphines et de l’enképhaline, des hormones qui calment les douleurs, et possèdent des effets anti-stress notoires. Cela favorise aussi un bon sommeil. Vous pouvez prendre le temps d’aller marcher 30 min après votre journée ou faire votre sport trois fois par semaine (natation, sport collectif…)
5 – Apprendre à se détendre
Il existe de nombreux moyens pour apprendre à relâcher les tensions physiques : méditation, sophrologie, relaxation, yoga, pratique d’une activité artistique, etc. À vous de trouver ce qui vous permet de souffler et de calmer le flot de vos pensées.
6 – Avoir une vie sociale active et épanouie
Dans le cadre du libéral : se constituer un réseau professionnel, améliore grandement le stress ressenti au travail, cela permet de ne pas se sentir isolé et de pouvoir trouver du soutien si besoin. Dans d’autres contextes, il est important de bien s’entendre avec les collègues ce qui améliore le bien être. De plus, il est important malgré le stress de pouvoir continuer à voir sa famille, des amis, à aller au cinéma… Même si la fatigue peut être là, le faire c’est pouvoir se ressourcer.
7 – Gérer son temps
Pour diminuer les tensions et l’énervement, une bonne gestion de son emploi du temps doit être mise en place. Mieux vaut privilégier la qualité du travail, à la quantité. Il me semble important de pouvoir s’accorder un temps suffisant pour gérer l’administratif, la communication avec les partenaires et bien noter sur son agenda des temps pour soi auquel on ne déroge pas comme une routine que l’on installe.
Vous connaissez ces solutions, vous avez déjà conscience de ce qui fait problème et les actions a mettre en place pour changer ? Tant mieux… mais le véritable problème c’est que vous n’avez pas trouvé de solutions…que vous n’arrivez pas à appliquer ce qu’il faudrait faire…
Ça tombe bien, c’est mon expertise et je vais vous aider.
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